Il y a deux ans, invité aux Usines Cavrois-Mahieux à Roubaix par l'association Non Lieu, à une exposition collective dénommée « Small », j'ai entamé une série d'études dont l'objectif initial était de représenter un paysage le plus petit possible, une miniature.
Le dessin doit être donc soit limité à quelques éléments concis mais expressifs d'un paysage, soit pour exprimer un site plus complexe, être réduit dans les limites permises par le médium. Pour cet exercice, le matériel est restreint à différents feutres, quelques encres et crayons aquarellables.
Á l'amorce du dessin, l'intention première est très souvent remise en question.
Le premier tracé est interprété autant comme source d'inspiration du paysage que comme élément de représentation de celui-ci. Ce processus dynamique s'applique à chaque image.
J'ai tenté plusieurs pistes, chacune avec l'obligation de concision illustrative. Dans ce procédé de miniaturisation, les taches, traits et gribouillis, constants dans ma production, trouvent une nouvelle échelle figurative.
Ils ouvrent en permanence un dialogue entre la représentation et l'abstrait.
De ces quelques traits émergent une représentation d'un paysage spontané. Ces matrices graphiques suggèrent leurs propres tectoniques de lignes et de masses qui vont interférer avec mes souvenirs de lieux, de moments vécus, de ma mémoire photographique, de précédents travaux plastiques.
Les petits paysages se déploient dans une joyeuse effervescence.
Ces composantes graphiques dessinent lignes de crête ou de frondaison, chemins ou rives et rivages, rochers, haies... Ils ont toujours été les constituants récurrents de mes dessins pris sur motif, mon vocabulaire. Par ailleurs, dans une certaine extrémité, l'abstraction permet une autre voie inattendue pour accéder à une représentation descriptive, des raccourcis involontaires vers des paysages totalement masqués, oubliés. Parfois aussi, les approches abstraites permettre de constituer des fragments, palettes d'ambiances, matière à projet de paysage, explorant les simples jeux de contraste et rupture, de lumière...
La succession des petits paysages sur chaque feuille ou page d'un carnet, plus nombreux plus ils sont réduits, permet aussi pour chacun un effet amplificateur, fait de reprises et de renvois, le prolongeant, le précisant ou le complétant. Au-delà de la familiarité stylistique, la cohérence des média employés et de la palette chromatique, s'ouvre ainsi une possibilité de déclinaison du paysage par différents points de vue, comme un effet cinématographique. Mais aussi il fait état de ma difficulté de saisir le sujet. Néanmoins ces tentatives acharnées, répétées sont une nouvelle source de paysage. Le retour sur motif après cette expérience m'a permis une approche plus décontractée en intégrant la rapidité du geste, y compris dans les hésitations, les erreurs en renouvelant le graphisme employé, dans un nouvel équilibre entre traits et taches.