D’abord, il y a la forme des outils que je qualifierais de simples, basiques, évidentes. Ce sont des cercles, des ovales, des losanges, des carrés, des oblongs : des formes d’une géométrie élémentaire fabriquées en bois et en feutre. Elles somnolent sur la table où je dessine et ne disent pas d’emblée ce qu’elles sont. On pourrait croire à un jeu de construction pour enfant, un jeu pour apprendre à imbriquer, empiler, assembler. En même temps je crois qu’il y a quelque chose de cet ordre là dans ces objets, quelque chose d’essentiel et de fondamental.
Ensuite, il y a la mise en mouvement de ces formes, leur activation. Se saisir d’un cercle, l’imbiber d’encre, puis le faire glisser à la surface du papier pour obtenir du tube. Telle une extrusion, le déplacement de la main déploie la profondeur de la forme. Selon le geste, sa vitesse et sa trajectoire, se donnent à voir différentes transcriptions graphiques du mouvement. Le dessin réalisé superpose dans un mouvement commun le geste à la forme, la forme devient un geste.


Sébastien Lange
Voici une esquisse préparatoire. Je commence à peindre des fonds et dessine par dessus des pierres qui peu à peu donnent un sens à ces paysages. Ces dessins créent de la forme à partir du vide peint au préalable.

Emmanuel Lesgourgues
La représentation des corps-à-corps à la torsion contrariée.
“Transgénose” selon sa définition est : un “Acte de la technique de la transgénèse, de la création réelle de modèles transgéniques donnant des organismes transgènes ou transgéniques. Elle consiste en une opération qui transfert un gène purifié dans les cellules sexuelles d’un individu et à les réintroduire”.
Cette définition correspond bien à ces hypostases de corps proposées dans ce travail; une acrobatie de corps nous renvoyant par digressions formelles à des exemples de représentations de corps dans l’art de la renaissance, du maniérisme italiens et de la Hollande.

Hervé This
Voici de malhabiles traces…
Vive la chimie (cette science merveilleuse qui ne se confond pas avec ses applications), plus qu’hier et bien moins que demain !

Amélie Blachot
Vitruve, Vinci, Versailles
Cette sérigraphie est créée par la superposition du dessin L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci (dessin bitmapé) et des tracés principaux du «petit parc» du château de Versailles comprenant le grand canal, parc dessiné par André Le Nôtre.
De la même manière que le dessin de Léonard de Vinci est fait d’après l’étude du traité De architectura de l’architecte ingénieur Vitruve, l’idée de l’utilisation du dessin de Léonard de Vinci et de sa superposition au plan du petit parc dessiné par André Le Nôtre, provient d’une analyse personnelle faite sur le dessin du parc et de la ville de Versailles, mais surtout de la lecture de l’étude de Michel Corajoud, Jacques Coulon et Marie-Hélène Loze : «Versailles : lecture d’un jardin» (1983), étude qui aborde le parc de Versailles sous un angle unique (celui du plan), et pose l’hypothèse que le Nombre d’Or aurait régi la construction du parc en parallèle d’une adaptation avec le site existant. Cette sérigraphie, qui se veut plus comme un hommage à l’étude sus-citée qu’une analyse scientifique rigoureuse, illustre parfaitement l’analyse globale du parc de Versailles, à savoir que malgré une apparence rigoriste des tracés, se trouvent des «folies» dans la structure du parc de Versailles et dans les œuvres d’André Le Nôtre en général. Ces «folies», comme la non symétrie manifeste sur l’ensemble des tracés, très visible sur les bras latéraux du grand canal, replace André Le Nôtre comme un paysagiste qui a « fait avec le site » et non comme un « brutaliste », c’est-à-dire qu’il s’est adapté au terrain préexistant pour dessiner Versailles.

Julien Rodriguez
Gare du Nord. Attentifs ensemble. Pandémie, 2020. Stylo bille sur papier, 100×70 cm.
Je dessine régulièrement les espaces que je traverse, de mémoire. Ce dessin est réalisé à partir de mes parcours quotidiens lors du second confinement en novembre 2020 le long du couloir d’échanges de la Gare du Nord à Paris. Ces perspectives sont enrichies de textes qui décrivent mes expériences d’usager, des annonces, des rencontres, des lectures de voyage dans la rame de métro.

Catherine Geoffray
Chaque jour je poste sur un blog www.catherine-geoffray.tumblr.com les récits de mes rêves illustrés et la photo de petites sculptures en porcelaine réalisées en parallèle. Menée depuis 2013, cette expérience s’est construite comme un dispositif de création, dans lequel, chaque matin, je note mes rêves sur mon trajet de métro me menant à l’atelier, puis je dessine d’après les images les plus prégnantes de mes rêves et enfin, je modèle des formes avec de la porcelaine crue.
Durant cette période, cette confrontation entre ces différentes créations a instauré un dialogue sans qu’aucun lien entre elles ne soit explicite. Quelque chose se déroule qui va puiser dans l’inconscient des images émergées des rêves, tandis que parallèlement, se modèlent des formes sans image préconçue, ni projet, à partir de petits blocs de terre que les mains façonnent. Surgissent alors des formes ou préformes plus ou moins hétérogènes où se dessinent des familles organiques, végétales ou minérales que la matière blanche commune de la porcelaine relie entre elles selon une logique interne ineffable. Une façon d’interroger les frontières osmotiques du vivant qu’il soit humain, animal ou végétal.

Rudy Ricciotti
...

Benjamin Graindorge
Il faisait beau et j’avais l’impression d’être dans une période de renaissance.
Ce premier confinement, je l’ai bien vécu, était comme une retraite au milieu de tous mais sans pouvoir se voir, ni se toucher, juste s’applaudir les uns les autres à la tombée de la nuit.
Le soleil était là, le printemps prenait place et nous étions en famille tout le temps.
Cela n’a pas été difficile… Tout s’était arrêté, il n’y avait plus d’urgence, plus de retard, juste du temps.
Alors j’ai recommencé à dessiner, pour rien ou plutôt… pour de vrai…
Je ne dessinais plus qu’avec mes crayons de papier, que j’ai mis de coté, et j’ai repris mes couleurs, crayons et feutres, pour quelque chose de plus libre, de plus lumineux.
Comme un vitrail, comme une espérance.

Lucie Balança
Ce dessin a été fait à Séoul. Il représente le peuple, ma découverte de cette responsabilité, de le représenter, le montrer dans sa diversité. Je ne voyais pas avant Séoul, cette responsabilité. La grandeur de cette ville. La force pour la reconstruire après cette guerre fratricide. Ces gens, croisés dans les rues, c’est l’amour d’un pays.

Bertrand Segers
Un dessin qui reste de circonstance.
Il ne résonne pas seulement avec la crise qu’on traverse qui veut qu’on ne se touche plus, que ça fait un an que je n’ai pas embrassé mes parents …
Ce dessin dit aussi l’engagement matériel dans le dessin, la richesse de cette matière sur le papier, le désir qui peut nous lier et que le dessin exprime et nourrit.

Sylvie Pic
Depuis une trentaine d’années (et la première série des « Tores » de 1989-90), mon travail se développe selon des séries. « Sensorium » (2017-20) est la dernière en date. Chacune de ces séries est basée sur un « schéma spatial » particulier et l’ensemble de la série en est l’exploration et le développement. Ces schémas ne doivent pas être vus comme des symboles ou des métaphores mais comme des « modèles », et dans un sens quasi-scientifique ou plus exactement phénoménologique, et l’ensemble de ces séries tend vers une typologie des modes de circulation du sensible.

Patrick Grandvuillemin
Un dessin plein de bleu.

Sabine Lalande
Ce dessin à l’encre sur papier fin fait partie d’une étude de plusieurs pièces réalisées en parallèle de sculptures céramiques, sortes de poupées étranges.
Elles sont le reflet d’une pensée onirique faite d’hommes et de femmes proches les uns des autres et de la nature. Une pensée magique, une façon de sortir, de s’extraire et de flotter hors du temps matériel.

Mathilde Caylou
Ce dessin est un extrait de carnet. Il a été fait dans un moment de vide, en 2020, un entre-deux temporel fait de doutes, d’hésitations, de non-idée, de néant. Malgré tout, une nécessité de faire sortir quelque chose était au bout du crayon. Alors un réseau s’est mis petit à petit en place, pour qu’au bout du cheminement intellectuel et graphique quelque chose pousse. Une envie, retourner à l’atelier. C’est comme ça que j’ai commencé à former des plantes de verre à la flamme de mon chalumeau. Je regardais simplement des espèces pousser, là où normalement il n’y avait pas de place. Des végétaux qui occupaient des interstices laissés vacants. Des plantes qui étaient là, en dormance.

Daphne Corregan
Ce dessin date de 2019. Lors d’un séjour et résidence en Chine en 2018, j’ai été impressionnée par toutes les constructions en train de se faire ou de se refaire, enchâssées dans leurs échafaudages ou emballées dans des métrages de textiles à carreaux que j’ai aussitôt traduit à ma manière en argile. J’ai réalisé une série de dessins pour mon exposition From Paper to Clay à la galerie Catherine Issert à Saint Paul de Vence où j’ai présenté un mur d’architecture en terre posé sur de petites étagères blanches face à une longue ligne de dessins et d’aquarelles dont celui-ci. Je note que la grille est souvent présente dans mon travail, gravée dans l’argile, peinte à l’engobe ou dans les dessins.

Paul de Pignol
Poussière de terre rouge soufflée par les vents …
ou le dessin, quand tout le reste ne marche pas.
Crayon couleur Sépia, 26 x 21cm

Hélène Mougin
Je l’ai fait après coup ! Il s’agit d’un vase pique-fleurs que j’ai réalisé en grès émaillé en pensant aux immeubles et habitations détruites par les bombardements dans différentes régions du monde… Ce vase que je vais traiter en série s’appelle TANK YOU ! C’était au départ une réponse au concours de la Petite Forme en Céramique organisé par Expressions Terre, sur le thème - Dîtes-le avec des fleurs!