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Dehors, se confrontent deux éléments, dans un premier temps des cartes qui dégagent une vision synesthésique du territoire et une échelle réduite liée à l’arpentage. L’idée de prendre en considération les éléments naturels dominants est à penser comme différentes manières d’imaginer le refuge et le rêve.

La carte est un des outils de représentation du paysagiste. Il s’agit d’un document qui, par sa matérialité, fige subjectivement des éléments et des histoires afin de proposer un propos. Le voyage, récit d’un perpétuel mouvement, fait écho aux sentiments d’impermanence comme de fugacité. Dès lors, confronter ces deux notions peut sembler antithétique. Il s’agirait de créer un nouveau langage, mais lequel ? La carte est une invention récente.

Avant que les cartes n’existent, l’être humain habitait le monde et le parcourait, après l’invention de la carte, il a pu l’explorer, l’analyser et l’inventer autrement, fabriquant d’autres territoires.

La carte n’a pourtant pas rendu possible le voyage, puisqu’il était déjà inhérent. Elle ne l’a même pas rendu plus facile, même si elle permit de l’imaginer avant de le réaliser et de le raconter une fois accompli. Quoique... De plus, la révolution de la carte n’a rien à voir avec l’idée de mouvement. La carte revendique-t’elle un certain immobilisme ? Etablit-elle un ordre artificiel que nous pouvons dénommer comme un ‘’nous sommes ici’’ ou ‘’nous ne sommes pas ici’’. Avec la carte, c’est le lieu qui nait, séparé d’un autre lieu, et d’un autre...

Dans cette région à dominante rurale, l’éloignement des différents bourgs et l’urbanisme diffus font de la route le principal squelette des déplacements. Les grands axes routiers furent le support d’activités économiques et industrielles, avec une concentration des zones commerciales le long de ces dernières. Si la route fut un levier pour l’urbanisation et les activités agricoles modernes, son emprise conditionne à la fois un usage monofonctionnel et des perceptions singulières, tantôt itératives et récurrentes. A l’abri dans la voiture, à vitesse limitée le long des canaux, ou bien à 130 km/h sur l’autoroute, des formes apparaissent par leur absence comme le fait de basculer les paysages vus dans un monde éthéré et onirique.

Mon approche du dessin se veut très exploratoire, tant dans le choix des couleurs que des jeux formels à la fois hasardeux et dessinés. Le choix des couleurs fait écho aux caractères cycliques des trajets et des éléments croisés, quelque part impalpables, comme s’il s’agissait de basculer des éléments du commun, de l’ordinaire vers un autre monde plus irréel ; les formes, quant à elles, coulent, se diffusent, se diluent, la hiérarchie s’estompe. A noter que certains dessins sont retravaillés sur Photoshop pour gagner en intensité et clarté, ce qui permet d’équilibrer certaines couleurs, d’en ajouter, de les modifier. Cette interface permettant des ouvertures graphiques fantastiques, les allers-retours entre la main et l’ordinateur sont des énergies synchrones.

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