Traces de la pensée qui précèdent chaque projet, empreintes des premiers repères, les dessins collectés par l’Association Les Traces Habiles possèdent cette magie de l’inabouti. Là où les possibles abondent encore, où il suffit d’un trait de plus ou d’un trait de moins pour que le futur produit fini, s’il prend forme, bascule. En reconsidérant l’épreuve du processus créatif (longtemps occultée au profit de l’œuvre finie), Claire Combeau, Anne Wintrebert et les autres membres de l’association, affirment la valeur de la construction de la pensée. Les dessins collectés proviennent d’horizons divers : des cuisiniers qui griffonnent sur un carnet de commande ou composent la présentation de leur menu ; des architectes qui laissent leurs esprit divaguer ou croquent les contours d’une future construction ; des metteurs en scène, encore, organisant un espace ou travaillant une vision intuitive de leurs personnages. Certains sont soignés, rigoureux, détaillés, d’autres sont enlevés, animés par un trait et un esprit mouvementé. Il en existe encore des délicats, dont l’ébauche, pas encore assurée, semble s’être posée sur la feuille telle une plume d’oiseau. Définis par la description du projet dess(e)ins comme racines de la création contemporaine, ou dessins sans noms, hors catégorie, dessins de tous les jours, pour Catherine Zask, ils se destinent désormais, grâce à l’association, à l’archivage, à l’édition, à l’exposition et à la confrontation avec le grand public. Exposés en 2012 à l’ENSCI, en 2013 à la Bibliothèque Forney, rassemblés dans les ouvrages Les Traces Habiles I ou dans Les Carnets Recomposés, les dessins rejoignant l’Association empruntent aussi chaque année la voie d’un concours étudiant. Celui-ci est ouvert aux écoles d’architecture, de paysage, d’urbanisme, de design et d’arts appliqués.

Claire Combeau, fondatrice de l'association Les Traces Habiles
Caroline Bouige, rédactrice en chef de la Revue Étapes