Prix dess(e)ins 2020 : penser le “dehors“
En privilégiant la capacité d'un dessin à symboliser une pensée en cours, une démarche, un processus, le Prix dess(e)ins sensibilise les étudiants à reconsidérer la valeur du tracé dans leur cheminement créatif.
L'édition 2020, lancée pendant le confinement, ouvre une fenêtre sur l'extérieur. Avec la thématique “dehors”, le dessins recueillis fouillent, organisent, retracent les paysages, les objets trouvés, les parcs aménagés, et nous plongent dans des créations naturelles, collectives ou anonymes. Un fossile, une ville, un jardin public, des aménagements urbains, des champs, l'œil se pose sur ce qui est devenu rare, hors du foyer. Trois prix officiels ont été distribués aux étudiants, récompensant trois approches : Correspondance, Itinérance et Univers graphique.
Correspondance :
Maxime Bardou, École de la nature et du paysage de Blois.
De ses voyages en Australie ou au Cambodge, Maxime Bardou a gardé son œil d'explorateur : une remise en question permanente des concepts et des idées, une volonté de préservation du lieu et de son histoire. Ses dessins à la carte pastel le plongent dans une observation profonde dans laquelle les objets, constructions et végétaux se dévoilent en grattant la surface, comme s'ils étaient emprisonnés sous des couches sédimentaires. Dans ce travail lent et laborieux, le dévoilement revêt une valeur propre ; l'incision de la carte laisse entrer le blanc, la lumière sur ce qui semblait plongé dans une obscurité profonde...
Dans la cohérence entre le choix du médium et le sujet d'exploration, Maxime Bardou propose une représentation du paysage ambitieuse, une fouille lente et précise qui fait rimer paysage et archéologie.
Itinérance
Valentine Maupetit, École supérieure d'art et de design de Saint-Etienne.
L'étudiante développe un intérêt particulier pour les objets intriguants, les compositions involontaires, dans lesquelles le sens de la production reste nébuleux. C'est donc à contre-courant du dessin de recherche en design qu'elle explore les techniques de représentation à la mine de plomb “qui roule, s'écrase, glisse, frotte” et dont l'usure lui fait expérimenter différents types de traces, Valentine Maupetit déploie un travail de sculpture qui s'interesse davantage aux textures, aux opacités, à la lumière ou aux mouvements, qu'aux contours des objets. L'objet s'affranchit de sa structure rigide pour restituer des sensations. La manière dont la mémoire est susceptible de déformer, simplifier ou recomposer un sujet d'obseravtion, s'invite dans cette pensée...
Univers graphique
Cécile Cuny, La Cambre
Cécile Cuny trouve dans le dessin une sorte d'échapatoire à ses doutes intérieurs. “Je dessine dehors pour ne pas me sentir en proie aux angoisses”. L'expérimentation par le dessin lui procure un sentiment de liberté et d'affranchissement du réel. Elle s'intéresse à ce que l'homme codifie pour garder le contrôle sur son environnement. L'aménagement paysager, floral, le motif, le romantisme inspirent l'étudiante, qui use de leur accumulation et de l'exagération graphique pour y dissimuler des histoires. Des premiers tracés à la colorisation, ses carnets retracent le développement progressif des détails qui viennent s'accumuler dans ses dessins. Dans ce travail très personnel, l'équilibre entre le ressenti et l'observation aboutit à la création d'univers parallèles.
Caroline Bouige, rédactrice en chef Étapes