Mes dessins n’ont pas vraiment de nom, il est souvent difficile pour moi de les classer ; appropriation par l’observation, projet, élément d’un processus ou encore pièce autonome ? Ils naviguent indistinctement entre l’objet tremblant d’une démarche en construction, issu d’une pratique intuitive, et l’objet plus clair et démonstratif issu d’une pratique professionnelle. L’hybridation de ces pratiques - toutes plus moins liées au travail sur l’espace - rend la chose plus complexe encore, et c’est pourtant dans ces moments-là qu’il me semble être le plus clair…
Car "Dessiner", là c’est autre chose, c’est faire, c’est penser en acte, et c’est accepter que l’acte même reste une aventure incertaine. Dessiner c’est aussi guetter ce moment fragile et rare ou le dessin lui-même nous regarde, nous questionne.
Ma pratique reste donc intuitive bien que paradoxalement quotidiennement alimentée et revisitée par la méthode. Elle emprunte indifféremment aux techniques de recherches en architecture, en géométrie, en topographie, en météorologie et en photographie… sans cloisonnements.
Dans un mouvement permanent d’aller et retour entre les pratiques, nait l’idée d’un dessin outil de lucidité, un levier intellectuel actif (et souvent là où les mots sont parfois réducteurs).
Un dessin peut être antérieur, contemporain ou postérieur à l’espace, l’installation ou la peinture en projet, dans la mesure ou certains projets s’inscrivent sur des échelles de temps différents.
Le temps - qui comme le dessin accepte de nombreuses définitions - peut être considéré simultanément de manière non linéaire (subjective) et normée (mesure commune et consensuelle).
Pas de réelle prise alors, ou de réel sens à donner à la chronologie, quand le dessin lui aussi porte sa propre autonomie, et se décline. Pas de noms, pas de dates, et pourtant…
42.01