Tout commence avec une idée, un sentiment, une sensation fugace, diffuse... alors la main, sur ce qui se trouve là, à sa portée, va tracer la mémoire de cet étrange instant où la création voit le jour. Cela peut être le début d’une bataille dans laquelle le projet se construit, avance, recule, échappe pour finalement se livrer sous nos yeux étonnés. Ces instants furieux, rageurs ou bien mélancoliques forment l’intimité de la création.
Ce lien singulier avec le crayon, le papier, le format, est unique : c’est une relation amoureuse qui parfois finit bien mais peut aussi, pour des raisons inconnues ou trop largement prévisibles, nous anéantir. Le temps que le tracé arrête est suspendu au bruit de la mine sur le papier, au frottement de la gomme, au crissement du burin ou au chuintement du pinceau. Ce même temps prend forme, prend corps, il s’objective, il « tombe de nous »… L’adrénaline que notre corps secrète lors de ces moments peut provoquer une véritable addiction : le dessin, quand on y touche, on ne peut plus s’arrêter !
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