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Marianne Peyre

Créatrice textile
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21.01

Histoire naturelle 1

J’ai d’abord dessiné pour rendre compte de ce que je voyais, croquis, carnets, tranches de vie, à des  fins plus documentaires qu’artistiques. Maintenant je ne dessine plus dans ce but, mais je dessine en créant des objets. Il n’y a pas d’étape préparatoire composée de dessins, il y a les choses qui se font au fur et à mesure et qui comportent parfois des dessins. J’ai aussi changé d’outils, de moyen, transformé le support papier en support textile dans bien des cas, utilisé la couture comme collage etc.
En fait ma pratique du dessin était devenue tellement automatique qu’elle me gênait et que j’ai voulu m’en défaire, comme si je n’exerçais plus vraiment de contrôle sur ce que je faisais , c’est la principale raison pour laquelle j’ai changé d’outils :  je voulais que tout prenne plus de temps, que j’aie le temps de réfléchir entre chaque étape et que les gestes de la main ne soient plus ceux de quelqu’un qui est toujours de train de tenir un stylo, un pinceau, un crayon.
Il me faut plus de manipulation, de fabrication, et de l’assemblage. C’est plus une question de forme qui conviendrait mieux à ce que je veux dire…
Parfois, les choses sont inversées, bien que je ne fasse pas de dessins préparatoires, je dessine ce que j’ai « fabriqué », comme une sorte de point final, de compte-rendu, je ne sais pas si c’est  pour passer à autre chose, mais je ne garde pas ces dessins, c’est comme des notes qu’on prend mais qui n’ont pas de réelle utilité.
Le fait de travailler sur un support textile me permet de m’affranchir de la fragilité du papier, j’ai le sentiment d’inscrire davantage mon travail dans la durée. Le vieillissement du tissu et des teintures est un paramètre que je prends en compte aussi.
Ces échantillons font partie d’une série ayant trait à la représentation de l’infiniment petit. Par convention, on utilise habituellement le cercle de l’optique du microscope pour montrer l’infiniment petit. J’ai utilisé moi aussi cette convention pour présenter des traces, signes, empreintes qui évoquent à la fois les débuts du vivant, et le monde invisible dont nous sommes entourés.
Le procédé pourrait s’apparenter à celui du croquis : rapide d’exécution, utilisant le tissu comme une feuille de carnet, et la couture comme un collage, la tache ou l’empreinte comme dessin, mais on pourrait dire que je produis un dessin sans le geste de la main qui lui est d’habitude associé.
Les fonds sont tous les mêmes, peu de variation de couleur mais plutôt une sorte de grisaille. Je prépare les fonds en teignant le tissu (lin) et en découpant les formats allongés, puis je réalise les empreintes des cercles, et les empreintes dans les cercles, par série. À la suite de quoi, je découpe, réorganise, couds et agence les « échantillons ».
Ceux qui ne sont pas présentés pourraient être cousus en liasses et stockés (comme un carnet de croquis), prêts à être « feuilletés ».

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21.02

Histoire naturelle 2

J’ai d’abord dessiné pour rendre compte de ce que je voyais, croquis, carnets, tranches de vie, à des  fins plus documentaires qu’artistiques. Maintenant je ne dessine plus dans ce but, mais je dessine en créant des objets. Il n’y a pas d’étape préparatoire composée de dessins, il y a les choses qui se font au fur et à mesure et qui comportent parfois des dessins. J’ai aussi changé d’outils, de moyen, transformé le support papier en support textile dans bien des cas, utilisé la couture comme collage etc.
En fait ma pratique du dessin était devenue tellement automatique qu’elle me gênait et que j’ai voulu m’en défaire, comme si je n’exerçais plus vraiment de contrôle sur ce que je faisais , c’est la principale raison pour laquelle j’ai changé d’outils :  je voulais que tout prenne plus de temps, que j’aie le temps de réfléchir entre chaque étape et que les gestes de la main ne soient plus ceux de quelqu’un qui est toujours de train de tenir un stylo, un pinceau, un crayon.
Il me faut plus de manipulation, de fabrication, et de l’assemblage. C’est plus une question de forme qui conviendrait mieux à ce que je veux dire…
Parfois, les choses sont inversées, bien que je ne fasse pas de dessins préparatoires, je dessine ce que j’ai « fabriqué », comme une sorte de point final, de compte-rendu, je ne sais pas si c’est  pour passer à autre chose, mais je ne garde pas ces dessins, c’est comme des notes qu’on prend mais qui n’ont pas de réelle utilité.
Le fait de travailler sur un support textile me permet de m’affranchir de la fragilité du papier, j’ai le sentiment d’inscrire davantage mon travail dans la durée. Le vieillissement du tissu et des teintures est un paramètre que je prends en compte aussi.
Ces échantillons font partie d’une série ayant trait à la représentation de l’infiniment petit. Par convention, on utilise habituellement le cercle de l’optique du microscope pour montrer l’infiniment petit. J’ai utilisé moi aussi cette convention pour présenter des traces, signes, empreintes qui évoquent à la fois les débuts du vivant, et le monde invisible dont nous sommes entourés.
Le procédé pourrait s’apparenter à celui du croquis : rapide d’exécution, utilisant le tissu comme une feuille de carnet, et la couture comme un collage, la tache ou l’empreinte comme dessin, mais on pourrait dire que je produis un dessin sans le geste de la main qui lui est d’habitude associé.
Les fonds sont tous les mêmes, peu de variation de couleur mais plutôt une sorte de grisaille. Je prépare les fonds en teignant le tissu (lin) et en découpant les formats allongés, puis je réalise les empreintes des cercles, et les empreintes dans les cercles, par série. À la suite de quoi, je découpe, réorganise, couds et agence les « échantillons ».
Ceux qui ne sont pas présentés pourraient être cousus en liasses et stockés (comme un carnet de croquis), prêts à être « feuilletés ».

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21.03

Histoire naturelle 3

J’ai d’abord dessiné pour rendre compte de ce que je voyais, croquis, carnets, tranches de vie, à des  fins plus documentaires qu’artistiques. Maintenant je ne dessine plus dans ce but, mais je dessine en créant des objets. Il n’y a pas d’étape préparatoire composée de dessins, il y a les choses qui se font au fur et à mesure et qui comportent parfois des dessins. J’ai aussi changé d’outils, de moyen, transformé le support papier en support textile dans bien des cas, utilisé la couture comme collage etc.
En fait ma pratique du dessin était devenue tellement automatique qu’elle me gênait et que j’ai voulu m’en défaire, comme si je n’exerçais plus vraiment de contrôle sur ce que je faisais , c’est la principale raison pour laquelle j’ai changé d’outils :  je voulais que tout prenne plus de temps, que j’aie le temps de réfléchir entre chaque étape et que les gestes de la main ne soient plus ceux de quelqu’un qui est toujours de train de tenir un stylo, un pinceau, un crayon.
Il me faut plus de manipulation, de fabrication, et de l’assemblage. C’est plus une question de forme qui conviendrait mieux à ce que je veux dire…
Parfois, les choses sont inversées, bien que je ne fasse pas de dessins préparatoires, je dessine ce que j’ai « fabriqué », comme une sorte de point final, de compte-rendu, je ne sais pas si c’est  pour passer à autre chose, mais je ne garde pas ces dessins, c’est comme des notes qu’on prend mais qui n’ont pas de réelle utilité.
Le fait de travailler sur un support textile me permet de m’affranchir de la fragilité du papier, j’ai le sentiment d’inscrire davantage mon travail dans la durée. Le vieillissement du tissu et des teintures est un paramètre que je prends en compte aussi.
Ces échantillons font partie d’une série ayant trait à la représentation de l’infiniment petit. Par convention, on utilise habituellement le cercle de l’optique du microscope pour montrer l’infiniment petit. J’ai utilisé moi aussi cette convention pour présenter des traces, signes, empreintes qui évoquent à la fois les débuts du vivant, et le monde invisible dont nous sommes entourés.
Le procédé pourrait s’apparenter à celui du croquis : rapide d’exécution, utilisant le tissu comme une feuille de carnet, et la couture comme un collage, la tache ou l’empreinte comme dessin, mais on pourrait dire que je produis un dessin sans le geste de la main qui lui est d’habitude associé.
Les fonds sont tous les mêmes, peu de variation de couleur mais plutôt une sorte de grisaille. Je prépare les fonds en teignant le tissu (lin) et en découpant les formats allongés, puis je réalise les empreintes des cercles, et les empreintes dans les cercles, par série. À la suite de quoi, je découpe, réorganise, couds et agence les « échantillons ».
Ceux qui ne sont pas présentés pourraient être cousus en liasses et stockés (comme un carnet de croquis), prêts à être « feuilletés ».

Biographie

Après une formation en histoire de l’art à l’Ecole du Louvre (Paris), elle travaille dans le domaine de l’illustration, de 1986 à 1994 : livres pour enfants (Magnard), dessin d’archéologie (Laboratoire d’archéologie de l’ENS Paris) et réalisation d’illustrations pour un catalogue d’exposition à destination du jeune public, à l’occasion de l’exposition « Sirènes », au Musée de Bailleul (Nord) en 1994.
Par la suite, elle intervient à la DRAC en arts plastiques puis au Musée des Beaux-arts et de la Dentelle de Calais et met en place un atelier expérimental d’éveil à la pratique artistique à la crèche Chantilly à Calais.
Après son déménagement à Saint-Étienne en 2000, elle cesse son activité professionnelle pour se consacrer à une pratique personnelle du dessin et de la couleur et depuis 2008 autour du textile.
C’est dans la manipulation, la fabrication et l’assemblage que Marianne Peyre s’est “réconciliée“ avec le dessin en cherchant à modifier ses habitudes. Se dessaisir de l’immédiateté du trait en profitant de la durée de réalisation de l’ouvrage, s’affranchir de la fragilité du papier pour s’inscrire dans la pérennité, une autre façon d’aborder le signe “laissé sur“ ...